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Cet article revisite de façon critique la théorie de Bourdieu sur le champ religieux unifié au moyen d’une étude sur les conditions d’accès à l’autorité de maître. Le cas examiné ici est celui du champ religieux fragmenté à Singapour, où les médiums jouissent de davantage de latitude pour générer des changements rituels que dans les régions côtières du sud-est de la Chine, d’où ils sont issus, et où les cultures régionales sont relativement unifiées. L’auteur introduit le concept de sphère rituelle syncrétique de la religion chinoise, envisage le rituel taoïste comme une forme de technique de civilisation transnationale, et examine un exemple de document légal exorciste qui accorde le droit de s’approprier un terrain au nom des dieux chinois et d’en expulser tous les esprits qui auraient pu y demeurer précédemment. Dans ce contexte, l’article présente ensuite la vie du maître taoïste Tan Kok Hian (1946-) pour mettre au jour le rôle de la liturgie taoïste dans la vie rituelle de Singapour, en rapport avec celui des médiums et des autres traditions rituelles.