Details

Autor(en) / Beteiligte

• Mathieu, Lilian

Titel

Ricordeau (Gwénola). - Les détenus et leurs proches. Solidarités et sentiments à l'ombre des murs

Ist Teil von

• Revue française de sociologie, 2009-10, Vol.50 (4), p.866

Ort / Verlag

Paris: Presses des Sciences Politiques

Erscheinungsjahr

2009

Quelle

Alma/SFX Local Collection

Beschreibungen/Notizen

• Cette expérience directe ne saurait toutefois à elle seule constituer Ia base d'une enquête sociologique, et c'est en s'appuyant sur une centaine d'entretiens (avec des hommes et femmes prisonniers ou ex-prisonniers, ainsi qu'avec des compagnes, compagnons ou parents de détenus), réalisés tant en prison - cinq établissements (deux maisons d'arrêt, deux centres de détention et une centrale) ont été étudiés - qu'au dehors, ainsi que sur les données retirées de la tenue d'un journal de terrain, que Ricordeau livre ses analyses. Elles se déroulent en suivant des étapes longues et éprouvantes - déplacement à la prison (difficile lorsque celle-ci est excentrée et mal desservie par les transports en commun), contrôle d'identité, attente plus ou moins longue de l'appel, passage sous un portique détecteur de métaux pour le visiteur, fouille avant et après le parloir pour le détenu - et sont étroitement dépendantes de la configuration spatiale et de l'organisation matérielle : le muret entre détenus et visiteurs, officiellement révolu, existe toujours dans certaines prisons, la séparation d'un hygiaphone peut être imposée en cas de sanction, certains box sont privilégiés car davantage à l'abri des indiscrétions des caméras ou des surveillants (et autorisant par exemple des relations sexuelles furtives). Si les mandats adressés par leurs proches permettent aux détenus les plus démunis d'échapper à des conditions de détention trop défavorables, leur diminution ou leur espacement peuvent constituer le signal d'un relâchement des liens affectifs, tandis que, pour certains détenus condamnés à de longues peines et travaillant en prison, l'envoi d'une part de leurs revenus à leur compagne peut être le moyen de rappeler et maintenir leur « rôle d'homme » pourvoyeur en ressources matérielles. La richesse manifeste des données que mobilise Gwénola Ricordeau aurait dû l'autoriser à aller plus loin dans ses analyses : certes, les modèles et concepts centraux pour l'analyse de la prison sont sollicités au fil de l'ouvrage, mais sans que cela débouche sur leur réelle discussion critique.