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Details

Autor(en) / Beteiligte
Titel
Étude des références pronominales à soi dans les témoignages d’événements traumatiques de guerre et d’attentats
Ist Teil von
  • Evolution psychiatrique, 2022-06, Vol.87 (2), p.327-346
Ort / Verlag
Elsevier Masson SAS
Erscheinungsjahr
2022
Link zum Volltext
Quelle
Elsevier ScienceDirect Journals Complete
Beschreibungen/Notizen
  • L’expérience traumatique s’avère caractérisée par l’« indicibilité » : point de mot pour réellement exprimer, pour traduire, pour se représenter l’horreur traversée. Et pourtant, paradoxalement, l’accès principal à notre connaissance de la dissociation traumatique provient de ce que les patients arrivent à nous en dire ne serait-ce que partiellement, chaotiquement… Les empreintes lexicales, syntaxiques et pragmatiques du trauma dans le discours, que nous avons baptisées syndrome psycholinguistique traumatique (SPLIT), s’expriment selon une dissociation automatico-volontaire prenant forme graduelle : plus le trauma apparaît présent et plus les stigmates psycholinguistiques se manifestent ; plus le sujet s’éloigne psychiquement du trauma et de ses conséquences, plus le discours regagne l’état nominal. Comment le sujet peut-il redevenir maître de sa propre vie, de sa propre parole, sans que le trauma ne la contraigne ? Comment le sujet arrive-t-il parfois, seul ou avec l’aide d’autrui, à s’extraire de ses reviviscences par la narrativisation de la scène traumatique ? Ces espaces de retour au « je » n’ont jamais été étudiés en langue française dans le discours de patients souffrant de trouble de stress post-traumatique. Outre la forme linguistique « je », quelles sont les autres formes utilisées (personnelles, exclusives, inclusives, génériques) par les locuteurs de récits traumatiques dans leurs discours afin de faire référence à eux-mêmes ? À partir des témoignages de survivants du Bataclan recueillis immédiatement après l’attentat puis quelques années plus tard, ainsi qu’à partir des récits produits par des patients militaires souffrant de trouble de stress post-traumatique chronique, nous analysons, grâce à l’étude linguistique précise des marqueurs pronominaux, comment les locuteurs font référence à eux-mêmes. Une analyse détaillée des formes pronominales et des différentes valeurs qu’elles signifient, nous a conduit à quatre principales découvertes : (i) surreprésentation de la première personne dans les récits traumatiques, tant par l’emploi du pronom « je » que par les autres pronoms incluant le locuteur ; (ii) prédominance de l’emploi des valeurs pronominales génériques dans les récits traumatiques ; (iii) utilisation préférentielle de la valeur exclusive du pronom « on » dans le corpus « Guerre d’Afghanistan » ; et enfin (iv), le déroulé temporel de ces trois premiers résultats suit la chronologie de la clinique évolutive du trouble de stress post-traumatique. Les récits traumatiques contiennent significativement davantage d’occurrences du pronom « je », mais aussi d’autres formes de références à soi-même comparativement aux sujets témoins. L’évocation à la première personne témoigne principalement de la singularité du trauma : ce qui est traumatique pour quelqu’un, à un moment particulier de son histoire, ne le sera pas forcément pour quelqu’un d’autre qui traverserait la « même » épreuve aux sens des coordonnées objectives (lieu, date des faits, intensité des sons, étendue de lésions physiques, etc.). Dire « je » c’est aussi lutter contre les symptômes dissociatifs, au premier rang desquels la dépersonnalisation confinant à la réification et à la désubjectivation. Cependant, le trauma s’accroche aux premières tentatives de s’en extraire : la prééminence du pronom « je » apparaît parallèlement telle une marque de la répétition dans le discours, disjonction entre les dimensions lexicales et pragmatiques de l’énonciation. Pour cause de dissociation massive, le « je » discursif renvoie même parfois à un asubjectif dans la scène traumatique tel un « Out of Langage Experience » : le sujet dit quelquefois « je » mais sans parler de lui. En outre, l’emploi des pronoms génériques est retrouvé avec une plus grande fréquence dans les récits d’événements traumatiques, notamment dans le corpus du « Bataclan différé », alors que les témoins les utilisent significativement moins. En employant « tu » ou « vous » générique, c’est comme si le locuteur disait : si vous aviez été à ma place, voilà ce que vous auriez éprouvé, vu, entendu, pensé, car n’importe quel humain, dans ces circonstances, éprouverait ce que j’ai éprouvé. En un sens, je suis donc un être humain « normal » mais en même temps, j’évite ma propre subjectivité, ce qui reste une forme de dépersonnalisation. Par l’utilisation d’un « vous » générique, voire même davantage par un « tu » familier, un changement de perspective cognitive adoptée pour décrire le vécu, le sujet blessé psychique décrit l’expérience de l’extérieur. Ainsi, le processus de dissociation traumatique se protège toujours, voire s’étend, en incluant l’interlocuteur dans la scène traumatique, en suggérant une quête empathique, comme pour l’en rendre captif, témoin invité ou participant obligé de la scène verbale. Enfin, alors que les témoins emploient « je » et « on » de manière équivalente, chez les sujets blessés psychiques, plus l’on s’éloigne du trauma temporellement alors que ses conséquences cliniques persistent, plus l’utilisation du pronom « je » augmente et plus l’emploi du pronom « on » diminue tout en se polarisant sur un caractère exclusif ou générique. De telles évolutions croisées, témoignant en même temps d’une tentative de recours à l’affirmation de soi et de la dissolution dans un collectif extérieur, restent une marque de la dissociation traumatique dans le discours. Ces résultats concordent avec l’évolution chronologique de la clinique post-traumatique de la phase immédiate marquée de trouble de stress aigu, à la phase différée souvent lieu d’une période intermédiaire latente, puis aux symptômes chroniques évoluant vers des souffrances multiples. L’approche linguistique peut nous offrir à la fois de comprendre les marques générales de la blessure psychique dans le discours et le traumatisme au sens de la singularité du vécu. Alors que le syndrome psycholinguistique traumatique résulte de la blessure du langage constitutive du trauma, inversement, c’est une parole singulière qui permet de s’extraire des reviviscences. Sans doute que des processus salvateurs surviennent notamment grâce à la relation intersubjective entre le patient et autrui, par la co-construction d’un discours. L’analyse de la restauration de ce langage, et en particulier des marques pronominales, pourrait unifier une conception spécifique de l’apaisement des conséquences traumatiques tout en définissant des marqueurs linguistiques objectifs offrant d’évaluer l’efficacité des traitements recommandés. The traumatic experience is characterized by “unspeakability:” there are no words to truly express, to translate, to represent the horror. And yet, paradoxically, the main access to our knowledge of traumatic dissociation comes from what patients manage to tell us, if only partially, chaotically… The lexical, syntactic, and pragmatic imprints of the trauma on discourse, which we have baptized psycholinguistic traumatic syndrome (SPLIT), are expressed according to an automatico-voluntary dissociation taking gradual form: the more the trauma appears present, the more the psycholinguistic stigmata manifest themselves; the more the subject psychically moves away from the trauma and its consequences, the more the discourse returns to the nominal state. How can the subject become master of his own life, of his own speech, without being constrained by trauma? How do some subjects manage, alone or with the help of others, to extract themselves from their flashbacks by narrativizing the traumatic scene? These spaces of return to the “I” have never been studied in French in the discourse of patients suffering from posttraumatic stress disorder. In addition to the linguistic form “I,” what other forms (personal, exclusive, inclusive, generic) do speakers of traumatic narratives use in their discourse in order to refer to themselves? Based on the testimonies of survivors of the Bataclan attack collected immediately after the event and a few years later, as well as on the narratives produced by military patients suffering from chronic posttraumatic stress disorder, we analyze, through the precise linguistic study of pronominal markers, how the speakers refer to themselves. A detailed analysis of the pronominal forms and the different values they signify led us to four main findings: (i) over-representation of the first person in traumatic narratives, both by the use of the pronoun “I” and by others pronouns including the speaker; (ii) predominance of the use of generic pronominal values in traumatic narratives; (iii) preferential use of the exclusive value of the pronoun “on” in the “War in Afghanistan” corpus; and finally (iv), the temporal unfolding of these first three results mirrors the habitual chronology that characterizes the clinical evolution of posttraumatic stress disorder. The narratives of trauma survivors contain significantly more occurrences of the pronoun “I,” but also other forms of self-reference, compared to control subjects. The use of the first-person pronoun mainly reflects the singularity of the trauma: what is traumatic for one person at a particular moment in his or her history will not necessarily be traumatic for someone else who, objectively, went through the same ordeal (in terms of place, date of the event, intensity of the sounds, extent of physical injuries, etc.). To say “I” is also to fight against dissociative symptoms, first and foremost depersonalization bordering on reification and desubjectification. However, the trauma clings to subjects’ first attempts to extract themselves from it: the preeminence of the pronoun “I” appears in parallel as a mark of repetition in the discourse, a disjunction between the lexical and pragmatic dimensions of enunciation. Because of massive dissociation, the discursive “I” sometimes even refers to a form of asubjectivity in the traumatic scene, an “Out-of-Language Experience:” the subject sometimes says “I” but without talking about her/himself. Mor
Sprache
Französisch
Identifikatoren
ISSN: 0014-3855
eISSN: 1769-6674
DOI: 10.1016/j.evopsy.2022.03.005
Titel-ID: cdi_crossref_primary_10_1016_j_evopsy_2022_03_005

Weiterführende Literatur

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